La députée européenne Sophie Auconie, présidente de « Femmes au Centre », interviendra lors de la conférence organisée par Voy’elles à Polytech Orléans le 31 mai 2013. Conciliation vie professionnelle/vie privée, plafond de verre qui résiste, inégalité des salaires, des retraites… : elle passe au crible les freins qui subsistent, mais aussi, les victoires glanées.

Sophie Auconie

« J’ai, moi-même, été élue grâce à la loi pour la parité et pourtant je n’y suis pas favorable en raison de son aspect contraignant ».

Vous avez co-fondé « Femmes eu Centre ». Quel a été le déclic qui vous a poussé à le faire ?

Avant d’être une femme élue, je suis maman de quatre garçons. Je connais donc les difficultés auxquelles les femmes sont confrontées, pour concilier vie familiale et vie professionnelle par exemple. Lorsque je me suis lancée en politique, j’ai pu constater là aussi de nombreuses inégalités et regretter le peu de femmes qui s’engage dans ce milieu essentiellement masculin. Force est de constater qu’aujourd’hui dans tous les milieux une femme doit toujours prouver sa légitimité alors que c’est moins le cas pour les hommes. J’avais envie d’approfondir la réflexion sur ces thèmes et m’associer à d’autres pour devenir une vraie force de proposition.

C’est pour cela que j’ai décidé en 2009 avec d’autres femmes élues de créer « Femmes au Centre ». C’est un groupe de réflexion ouvert à celles et ceux qui veulent débattre sur des sujets d’actualité en lien avec les droits des femmes et de la famille.

Les différents débats ont permis à l’association de rédiger et d’éditer notamment le livret « 20 propositions pour renforcer la place des femmes dans la société », destiné aux candidats à la présidentielle de 2012, afin de mettre en avant des mesures concrètes pour tendre vers l’égalité hommes-femmes dans tous les domaines.

Vous militez -entre autres – pour une égalité homme/femme dans le monde du travail : quels sont les principaux progrès constatés ?

Pour commencer, je tiens à rappeler quelques chiffres révélateurs sur les inégalités dans le monde du travail. Aujourd’hui, en Europe, une femme touche en moyenne 17,5 % de moins qu’un homme à un poste équivalent. De plus, les femmes représentent 75 % des travailleurs à temps partiel  et elles sont beaucoup plus exposées à la pauvreté que les hommes. On retrouve ces inégalités au moment du versement des retraites.

Cependant, malgré ces inégalités persistantes, on constate des progrès. Ainsi, la France a adopté en 2011 une loi sur les quotas qui prévoit l’instauration de 40% de femmes dans les conseils d’administration pour 2016. Grâce à cette loi, la France compte aujourd’hui 22% de femmes administratrices.

J’ai, moi-même, été élue grâce à la loi pour la parité et pourtant je n’y suis pas favorable en raison de son aspect contraignant. C’est ce qui explique, à mon avis, le rejet par les parlementaires d’une partie des pays de l’UE lorsque la commissaire européenne Viviane Reding a proposé que l’on instaure également des quotas dans les entreprises au niveau européen. Cependant, cela reste à mon sens une des solutions pour briser le fameux « plafond de verre » dont les femmes sont victimes !

C’est le changement de mentalités qui fera surtout évoluer la société. Sortons de notre système de pensée judéo-chrétienne ! Tournons-nous vers le modèle des pays nordiques où tout est facilité pour concilier vie privée et vie professionnelle. Je suis consciente que le chemin à parcourir est encore long mais nous sommes sur la bonne voie.

La conférence du 31 mai à Polytech Orléans a pour intitulé « Comment conjuguer entreprendre au féminin? » : quel message entendez-vous faire passer ?

Au sein de l’UE, les femmes chefs d’entreprise représentent seulement 34,4 % des indépendants alors qu’elles représentent  52 % de la population européenne totale.

J’ai moi-même été chef d’entreprise. J’aimerais que les femmes prennent confiance en elles et osent se lancer pour créer leur entreprise.

Les femmes rencontrent de nombreux freins qui les empêchent  de se lancer dans  la création d’entreprise tels que l’organisation de la vie du foyer, la garde des enfants, l’attitude des hommes dans l’univers professionnel…C’est pour cela que j’encourage les initiatives comme celle de l’association Voy’elles avec la création de « la journée pour entreprendre au féminin». Grâce à ce type d’événements, les femmes qui veulent se lancer et qui cherchent des conseils peuvent rencontrer les bons interlocuteurs.

Les femmes représentent le potentiel entrepreneurial le plus sous-utilisé en Europe alors que la création d’entreprise représente la source la plus importante de nouveaux emplois  en Europe. C’est pourquoi j’espère que cette journée d’échanges permettra aux femmes qui doutent de trouver les réponses à leurs interrogations. Il est essentiel d’encourager l’entrepreneuriat au féminin!